© 2019 Editions Schortgen
Extraits avec l'autorisation de l'éditeur

PROFIL
Benjamin Seminega

  • Survivant tutsi

  • Le plus jeune des enfants de Tharcisse et Chantal

  • Âgé de sept ans pendant le génocide

  • Temporairement séparé de ses parents

  • Subit des crises d'asthme et souffre d’inanition

Benjamin est né en France. Il a 18 mois lorsque sa famille revient au Rwanda. Il lui est toujours difficile de se souvenir des détails des évènements bouleversants du génocide.

 

IMAGES ET SONS EFFRAYANTS

Juste avant le génocide, les enfants Seminega jouent au football dans le jardin quand tout à coup ils voient deux soldats emmener un homme en bas d'une colline et le frapper alors qu'il crie. Ils regardent en silence. Les jours suivants, Benjamin voit des manifestations dans les rues et des avions militaires dans le ciel. Il entend des coups de feu et des explosions dans les bois voisins où miliciens et soldats s'entraînent. À plusieurs reprises, Benjamin et sa famille dorment dans le couloir de leur maison pour raison de sécurité. Il a peur de l'obscurité et des bruits extérieurs.

La nuit où la famille Seminega s’enfuit de chez elle, Benjamin et sa sœur aînée, Naomi, sont séparés de leurs parents. Adolphe, un ami de la famille, les emmène chez lui. Pendant qu'ils sont là, des miliciens viennent plusieurs fois à la recherche des petits « cafards ». Benjamin voit sa sœur violemment attaquée et il se demande comment il survivra seul si elle se fait tuer.

NE FAIS PAS DE SON

Quelques jours plus tard, Benjamin et sa sœur retrouvent leur famille qui se cache dans une cabane à chèvres. Ils doivent maintenant garder un silence total pour que les tueurs au dehors de la cabane ne sachent pas qu'il y a des « cafards » cachés à l'intérieur. C’est facile à oublier pour Benjamin, âgé de sept ans. Dans la cabane il y a peu d’espace ; c’est sale, poussiéreux et sans air frais. Il a des crises d'asthme et doit s'envelopper la tête dans une couverture et tousser dans le matelas pour que les nombreuses personnes qui passent ne l'entendent pas. Une nuit, juste à l'extérieur de la cabane, Benjamin et son père peuvent se laver avec de l'eau dans un seau. Ils entendent des pas dans le champ et son père lui dit de rester immobile, craignant que ce ne soient des miliciens.

TOUJOURS AFFAMÉ

Plus tard, lorsque la famille doit être déplacée, ils se divisent à nouveau en petits groupes. Cette fois, Benjamin part avec sa mère qui le porte sur son dos, sur un parcours d’environ six kilomètres, jusqu'à l'endroit où ils resteront pendant deux semaines. La nourriture est très limitée et Benjamin a toujours faim. Même si sa mère et leur hôte se privent de leur nourriture pour lui, il montre toujours des signes de malnutrition. Ses cheveux deviennent rouges et son ventre gonfle.

Un plan devient nécessaire pour déplacer en toute sécurité Benjamin et sa mère dans la pièce souterraine. On lui demande de se déguiser et de dire qu'il est le frère jumeau d'un ami hutu. Il ne veut pas mentir ; heureusement, il n'a pas à subir d’interrogatoire. Lui et sa mère rejoignent en toute sécurité le reste de la famille dans la pièce souterraine. Benjamin se souvient avec émotion du visage de sa sœur aînée, Marie, qui brille de joie quand elle le voit.

DES SOUVENIRS TRAUMATISANTS

Après leur survie, Benjamin et sa famille passent quelques semaines dans le camp de rescapés de Shyanda. C’est sombre, effrayant et dangereux. Ils ont peur d'aller aux latrines à l'extérieur du camp sans protection militaire. Les survivants essayent d'identifier leurs proches ou leurs voisins parmi les cadavres. La puanteur est terrible. Des hommes hutu soupçonnés d'avoir participé au génocide sont amenés devant les rescapés pour être jugés sur place. Benjamin entend les cris des hommes qui subissent la torture et entend certains d'entre eux se faire fusiller. Jusque-là, il ne voit personne se faire tuer. Ce sont des souvenirs qu'il n'oubliera jamais.

Benjamin vit maintenant au Canada, où il a immigré avec sa famille en 2003.

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