© 2019 Editions Schortgen
Extraits avec l'autorisation de l'éditeur

PROFIL
Naomi Seminega

  • Survivante tutsi

  • Troisième des enfants de Tharcisse et Chantal

  • Atteint l’âge de 11 ans pendant le génocide

  • Séparée temporairement de ses parents

  • Attaquée par des militaires

Née au Rwanda, Naomi a six mois lorsque la famille s’installe en France. À leur retour au Rwanda Naomi a cinq ans.

 

« CAFARD »

À l'école, les élèves sont tous obligés de déclarer leur origine ethnique au professeur. Parce que Naomi est tutsi, ses camarades de classe la qualifient d’« ennemie » et de « cafard ». Jusque-là, les mots hutu et tutsi ne signifent rien pour elle.

Quand l'avion qui transporte les présidents du Burundi et du Rwanda est abattu, Naomi sait que tout va changer. Elle ne peut plus aller à l'école ou au marché, rendre visite à ses amis, faire du sport ou même se promener. Toute la famille est piégée comme des prisonniers dans leur propre maison et la menace de mort devient très réelle. Ils dorment dans le couloir car les tueurs peuvent lancer des grenades à travers les fenêtres. Elle entend des histoires de meurtres de Tutsi. La fuite devient impossible.

« JE TREMBLAIS COMME UNE FEUILLE »

Le jour où Naomi et sa famille doivent s’enfuir de leur maison, ils se divisent en petits groupes. Elle et son petit frère Benjamin suivent en toute confiance l'ami proche de leur père, Adolphe, jusqu'à sa maison. En route, ils rencontrent des militaires. Quand l’un d’eux menace de les fusiller, Naomi tremble comme une feuille. Quelque chose d’extraordinaire se produit : ils sont autorisés à continuer et l'un des soldats leur montre un chemin plus sûr. Naomi connaît bien cette route. Elle et Benjamin se précipitent chez Adolphe, pendant que lui va voir des frères de Save pour leur dire de récupérer le reste de leur famille. Près de la maison, un groupe de personnes les reconnaît comme étant les enfants de Tharcisse. L’anxiété alors les envahit.

Dans les jours qui suivent, Naomi vit de nombreux événements effrayants. Elle se trouve souvent seule avec les plus jeunes enfants d'Adolphe et une employée hutu qui est hostile et refuse de lui parler. Par la fenêtre Naomi et Benjamin voient une petite foule composée d’hommes qui portent des machettes, des matraques, des longues tiges de fer et des fusils. Les hommes chantent des slogans de propagande hutu. Le bruit des bidons métalliques, des chiens et des cris d'enfants est assourdissant. Certains des hommes sont torses nus ; d'autres portent des pagnes en feuilles de bananiers. Plus tard, ils voient des miliciens qui traînent de force des hommes gémissants qui semblent mourants. Ils ont de plus en plus peur en imaginant que cela pourrait leur arriver.

Un soir, Adolphe se précipite dans la maison en criant que les tueurs sont sur le point d’arriver. Naomi et son frère, ainsi que les enfants d'Adolphe et l'employée hutu, fuient tous rapidement dans la brousse. Ils courent, et courent et courent, tout en entendant le bruit des chiens et des bidons métalliques qui retentit. Paniquée, Naomi s’accroche à l’employée hutu. Mais elle est choquée et blessée lorsque la femme l’insulte et lui dit : « Va-t’en ! » Les deux enfants d'Adolphe suivent Naomi alors qu'elle et son frère fuient l'employée et le son des tambours. Bien plus tard, Adolphe les retrouve et les ramène chez lui. Cette nuit-là, ils se couchent tous habillés, prêts pour la prochaine attaque.

UNE MAIN BLOQUE LA MACHETTE

Le lendemain, des miliciens lourdement armés se précipitent dans la maison avec l’intention d’éliminer les « petits cafards ». Ils emmènent Naomi et son frère à l'extérieur et leur demandent s’ils savent où se cachent leurs parents. Un soldat lance un regard meurtrier vers Naomi tout en aiguisant sa machette, la pointant sur elle. Alors qu'elle pleure, il passe derrière elle et la frappe avec une matraque. Puis il saisit à nouveau sa machette et il tente de la tuer. L’un des autres miliciens, qui avait travaillé comme jardinier pour son père, met sa main entre la machette et la poitrine de Naomi. La machette lui transperce la paume. Grâce à cet acte, la vie de Naomi est sauvée.

Un autre milicien commence à traîner Naomi jusqu'au stade. Elle sait que des milliers de Tutsi y ont déjà été tués. À mi-chemin les miliciens changent d'idée : désormais ils ont comme principal objectif d’éradiquer tous les mâles adultes. Alors ils la ramènent chez Adolphe. Une fois de plus, Naomi échappe à la mort.

RÉUNIS

Naomi et Benjamin retrouvent leur famille qui se cache dans une cabane à chèvres. Des semaines plus tard, lorsque la famille doit être transférée dans une pièce souterraine, ils voyagent en petits groupes. Naomi et Joël passent la nuit chez un ami de la famille, Justin. Une fois de plus, Naomi est séparée de sa famille. Le lendemain, elle et son frère Joël (déguisé en fille) reprennent le chemin pour rejoindre le reste de la famille dans la pièce souterraine.

En 2003, Naomi immigre avec sa famille au Canada, où elle vit actuellement avec son mari et leur fille.

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