© 2019 Editions Schortgen
Extraits avec l'autorisation de l'éditeur
PROFIL
Pierre Muhoza Seminega
Survivant tutsi
Deuxième des enfants de Tharcisse et Chantal
12 ans quand le génocide éclate
Harcelé à l'école
Ressent la culpabilité du survivant
Né au Rwanda, Pierre va en France avec sa famille vers l'âge de trois ans. Il se souvient d'avoir eu des amis de toutes les races et de s'entendre avec tout le monde lorsqu’il vivait là-bas.
HarCELÉ À l’École
Quand Pierre retourne dans son pays natal à l'âge de sept ans, il est confronté à la réalité que certaines personnes ne l'aiment pas simplement parce qu'il est tutsi.
À l'école, le professeur de Pierre demande à chaque élève de se lever le matin et de déclarer à quelle ethnie il appartient. C'est une nouvelle expérience pour Pierre, et il ne sait pas quoi dire. L'ethnicité n'a jamais été discutée dans sa famille. Après l'avoir frappé brutalement, son professeur lui dit de rentrer chez lui et de poser des questions sur son identité. Pierre se rend alors compte que sur 50 étudiants, seuls trois à cinq d'entre eux sont tutsi.
Au cours des années suivantes, les camarades de classe de Pierre commencent à se moquer de lui et à l'insulter. Son professeur ne prend pas sa défense. Pierre espère que ses camarades de classe finiront par l'accepter, mais les choses ne font qu'empirer. Ses camarades de classe hutu le harcèlent, allant même jusqu'à le pousser en bas des escaliers. Il se sent coupable et demande à son père s'il peut cesser d'être tutsi, mais il n’est pas en mesure de choisir ou changer ce qu'il est.
PIÉGÉ
À mesure que la violence augmente et que les tueurs approchent, la fuite devient impossible. Pierre et sa famille sont piégés dans leur maison. Tout à coup, quelqu’un frappe à la porte. Craignant le pire, Pierre et ses frères et sœurs courent se cacher dans les placards et sous les lits. Leur mère les fait sortir de leurs cachettes. Adolphe, un ami, vient les aider. Il leur faut quitter la maison. La famille se divise en petits groupes et Pierre s'enfuit à travers la vallée avec ses parents et deux de ses frères et sœurs.
Pierre se cache avec sa famille pendant 11 semaines, souffrant de la faim, de la soif, de l'insomnie, de l'asthme, de l'humiliation et de la peur constante d'être tué. Lorsque la famille doit se séparer en petits groupes, Pierre craint que certains d'entre eux ne survivront pas.
À un moment donné, Pierre est convaincu que les Tutsis ont fait quelque chose de mal que ses parents lui cachent.
LA COUPABILITÉ DU SURVIVANT
Après que Pierre et sa famille sont secourus, il ne peut pas s’imaginer être en compagnie de ses anciens camarades de classe. Il se demande s'ils voudront toujours le tuer. Il se sent toujours en danger et très mal à l’aise. Pierre se sent coupable d'avoir survécu tandis que tant de personnes sont mortes. Il doute que lui et sa famille ne puissent jamais guérir complètement.
Les Seminega, y compris Pierre, immigrent au Canada en 2003.