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Extraits avec l'autorisation de l'éditeur

Chapitre 7 – Entre Amis et Ennemis

Adolphe Rwamuhizi, un Hutu, avait épousé Illuminée, une Tutsi. (93)

Quand j’ai réalisé que, dans la région de Butare où je vivais, des génocidaires commençaient à tuer des gens à cause de leur origine tutsi, j'étais vraiment très soucieux […]. (155)—Adolphe

Il comprenait l’extrême gravité de notre situation car sa femme était menacée, elle aussi. Il était d’ailleurs lui-même en danger pour l’avoir épousée. Mais, selon lui, il se devait de venir chez nous. Adolphe avait vu des Tutsi se faire tuer dans son village. […] il avait pris son courage à deux mains pour venir voir si nous étions vivants ou morts. Il voulait au moins nous donner une sépulture décente. (93-94)

Et voilà qu’à son vif soulagement, nous étions toujours vivants. En moins de dix minutes, il organisa notre évasion. Nous devions partir à tour de rôle, en deux groupes, pour augmenter nos chances de survie. Je dis à Chantal qu’il fallait nous mettre en route. Elle refusa. Elle expliqua plus tard : « J’étais sûre que quitter la maison serait suicidaire car à l’extérieur, il y avait des soldats en armes. Je nous imaginais attaqués par les miliciens avec leurs machettes, leurs massues de bois clouté et leurs couteaux. Quand Tharcisse a ouvert la porte pour qu’on se précipite dehors, mon cœur a battu la chamade. » (94)

En arrivant sur le sentier menant à la vallée, nous rencontrâmes trois hommes que nous connaissions de longue date. C’était des gens simples, chargés de protéger les champs de céréales presque mûres contre les petits mammifères et les voleurs. Ils nous demandèrent où nous allions. Nous leur avouâmes franchement que nous tentions d’échapper aux tueurs. Ils nous proposèrent tout de suite de nous guider jusque chez Évariste en traversant la rivière dans la vallée. Ils ne nous trahirent pas. (94)